Utiliser la biologie moléculaire pour chercher du pétrole et du gaz
![]() ![]() ![]() ![]() Publié le lundi 26 juillet 2021
Dans le cadre du projet européen PROSPECTOMICS, cinq partenaires internationaux ont commencé à développer des méthodes d'exploration plus respectueuses de l'environnement. Malgré les efforts en matière de transition énergétique, le pétrole et le gaz continueront à jouer un rôle important dans l'approvisionnement en énergie et en matières brutes de l'Europe pendant au moins 30 ans. Comme on cherche actuellement de moins en moins d'hydrocarbures en Europe, la dépendance à l'égard des pays producteurs s'accroît. L'une des principales raisons de ce déclin est l'impact environnemental de la prospection gazière et pétrolière. De nouvelles méthodes d’exploration sont donc nécessaires pour minimiser l'empreinte écologique de la recherche de nouveaux gisements. Une approche très prometteuse est basée sur la biologie moléculaire. Elle est conçue pour détecter les changements dans les sédiments situés au-dessus des réservoirs. Les micro-organismes qui y vivent y sont en effet naturellement exposés aux infiltrations d'hydrocarbures. Des méthodes tirant partie de cela et applicables au niveau industriel sont développées dans le cadre de PROSPECTOMICS. Ce projet européen est financé pendant 42 mois à hauteur de 3,4 millions d'euros dans le cadre du programme européen Horizon 2020 Future Emerging Technologies (FET). Cinq groupes de recherche basés en Allemagne, au Luxembourg et en Autriche, ainsi qu'une société d'exploration norvégienne, coopèrent sous la direction du Centre allemand de recherche en géosciences de Potsdam (GFZ). Rechercher de gisements en respectant l'environnementSe détourner des combustibles fossiles et convertir l'économie aux énergies renouvelables sont des éléments centraux de la stratégie de l'Union européenne. Mais même dans les meilleures conditions, le pétrole et le gaz continueront à contribuer à l'approvisionnement en énergie et en matières brutes pendant plusieurs décennies. C'est pourquoi, il est devenu clair ces dernières années que la réduction de la dépendance à l'égard de partenaires non européens revêt une grande importance stratégique. Une plus large utilisation des réserves nationales est souvent rendue difficile par les réglementations environnementales en vigueur ou les conflits avec les autres utilisateurs des zones concernées. En effet, la recherche de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz repose généralement sur des techniques, telles que le forage profond, ayant un fort impact environnemental. « En utilisant des méthodes de biologie moléculaire, le forage profond pourrait être au moins partiellement éliminé. Cela réduirait considérablement les effets négatifs sur l'environnement, » explique Jens Kallmeyer, responsable du projet et chef du groupe de travail sur la géochimie aquatique au GFZ. Une équipe internationale et des partenaires industrielsAfin de développer de nouvelles méthodes de prospection basées sur la biologie moléculaire et applicables dans l'industrie, plusieurs groupes de recherche de renommée internationale ont uni leurs forces au sein de PROSPECTOMICS, chacun étant spécialisé dans l'analyse de biomolécules spécifiques. Ils proviennent du Centre allemand de recherche en géosciences de Potsdam, de l'Université de Greifswald, de l'Université de Duisburg-Essen, du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine de l'Université du Luxembourg, du Centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux de l'Université de Vienne et de Lundin Energy, un partenaire industriel norvégien. Des changements dans les microorganismes indiquant des réservoirs cachésL'approche adoptée par ce projet repose sur une observation : chaque réservoir de pétrole ou de gaz présente des fuites minimes auxquelles réagissent les communautés microbiennes vivant dans les couches sédimentaires sus-jacentes. Ces réactions peuvent être diverses – activation ou désactivation de certains gènes, production d'enzymes spécifiques pour dégrader les hydrocarbures, accumulation de certains produits métaboliques ou modification de la composition de la communauté – et sont souvent infimes. PROSPECTOMICS étudiera comment détecter ces changements à l'aide de méthodes « omiques » de pointe, telles que la métagénomique, la métatranscriptomique et la métaprotéomique. Chacune de ces méthodes se concentre sur un groupe particulier de biomolécules et chacun de ces groupes apporte des informations bien spécifiques. Les progrès rapides effectués ces dernières années en matière de séquençage génétique d’échantillons environnementaux et la baisse des coûts ont bien sûr constitué des étapes indispensables à la mise en place de ce projet. D'autres méthodes de biologie moléculaire se sont également améliorées de manière significative et leur prix rendent maintenant possible l'analyse à grande échelle de nombreux échantillons. L'intelligence artificielle pour analyser les jeux de donnéesLes grandes quantités de données générées par ces méthodes de biologie moléculaire constituent un nouveau défi et leur analyse nécessitera l'utilisation de méthodes d'apprentissage automatique et d'intelligence artificielle. « Notre objectif est de mettre au point de nouvelles méthodes, permettant de détecter les réservoirs grâce à l’identification de quelques paramètres clés, qui soient si robustes et si faciles à utiliser qu'elles deviendront des techniques standards pour l'exploration pétrolière et gazière, » explique Jens Kallmeyer. --- Les rôles de chaque institution :GFZ - GeoForschungsZentrum Potsdam UDE - Université de Duisburg-Essen LCSB – Luxembourg Centre for Systems Biomedicine Pour plus d'informations, veuillez consulter le site web du projet. |
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