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Comment le comportement électoral des luxembourgeois a-t-il évolué ?

  • Université / Administration centrale et Rectorat
    19 février 2020
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    Université

Le comportement socio-politique des électeurs luxembourgeois ainsi que leurs opinions sur diverses questions sociales ont considérablement évolué ces dernières années. C’est la conclusion à laquelle arrive STUDIALUX, une étude menée par la Chaire de recherche en études parlementaires de l’Université du Luxembourg. Philippe Poirier, titulaire de la chaire, a présenté les résultats.

« Concernant les valeurs personnelles, le Luxembourg est l’une des sociétés européennes qui se développe le plus vers l’individualisation. Les résidents du Luxembourg privilégient désormais le travail et la réalisation de soi, indépendamment des formes de sociabilité et de médiation collective que sont par exemple les associations, les cultes, les partis politiques ou du repli plus intime (la nature, la famille, la sexualité, etc.) », explique Philippe Poirier. STUDIALUX s’attache à agréger les données de nature sociale, culturelle et économique relatives aux facteurs d’influence et de comportements politiques au Luxembourg. Il explore également les changements dans les valeurs individuelles et collectives et étudie la relation entre la démocratie, les institutions et les organisations de la société civile.

Les résultats récents dévoilent un changement de comportement significatif au cours des élections nationales de 2018 et des élections européennes de 2019 par rapport aux élections de 2013 et de 2014. En 2019, la majorité des électeurs du parti démocratique libéral (DP), du parti socialiste ouvrier luxembourgeois (LSAP) et du parti écologiste (Gréng) est resté fidèle à la coalition gouvernementale formée par ces trois partis. En 2013 et 2014, de nombreux électeurs du DP (à ce moment parti d’opposition) se sont rangés du côté de la droite au parti CSV (parti populaire chrétien-social), qui faisait partie de la coalition au pouvoir avant 2013.

Les résultats montrent que les électeurs prennent des décisions de manière de plus en plus spontanée. Lors des élections européennes de 2019, 44 % des électeurs ne se sont décidés pour un candidat ou un parti qu’au cours de la dernière semaine avant le vote. Lors des élections nationales de 2018, ce pourcentage était de 40 % (contre 32 % en 2013 et 35 % en 2014). L’indécision croissante indique également que les sondages effectués avant les élections ne fournissent guère de prévisions fiables sur leur résultat.

En ce qui concerne les valeurs sociales, l’étude indique que les citoyens de l’UE vivant au Luxembourg partagent des attitudes similaires. Les citoyens luxembourgeois et les citoyens européens vivant au Luxembourg affichent des comportements de vote pratiquement identiques, en votant proportionnellement pour les mêmes partis.

En outre, l’individualisme et le consumérisme semblent augmenter, quel que soit le statut social et professionnel. « Les gens s’intéressent à eux-mêmes et à leur entourage et deviennent de plus en plus indifférents à toutes les formes d’organismes collectifs. L’individualisation croissante de la société conduit partiellement à un conservatisme écologique qui n’est pas nécessairement social. Le conservatisme écologique, tout comme le conservatisme social, est une alternative au libéralisme culturel, économique et social. Cependant, contrairement au conservatisme social, le conservatisme écologique est plutôt éloigné de la cohésion sociale, » déclare Philippe Poirier.

À propos de la Chaire de recherche en études parlementaires

La Chaire de recherche en études parlementaires de la Chambre des députés du Luxembourg a été créée en 2011. Elle vise à contribuer à la connaissance, à l’étude et au fonctionnement du parlementarisme dans le processus décisionnel national et européen. Elle contribue aux activités de recherche principalement en sciences politiques et en droit dans les domaines de la démocratie, des politiques publiques, de la législation nationale et de la politique comparée en Europe.  

À propos de Philippe Poirier

Philippe Poirier est professeur assistant en sciences politiques à l’Université du Luxembourg. Il est titulaire de la Chaire de recherche en études parlementaires depuis 2011. Il est professeur invité à l’Université de Turin. Ses projets de recherche ont été financés par la Commission européenne, le Parlement européen, la Fondation européenne de la science, le Conseil de l’Europe, le Fonds national de la recherche du Luxembourg et le Parlement national. Depuis 2016, il est membre du Collège des experts réviseurs en sciences sociales de la Fondation européenne de la science. En janvier 2020, Poirier a été élu président du Consortium européen pour la recherche sur l’Église et l’État.

© Photo : European Union 2015 – Source EP