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Du concret pour faciliter les comportements écologiques

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    Université / Administration centrale et Rectorat
    20 janvier 2021
  • Catégorie
    Université

Que cela soit dans nos expériences quotidiennes ou via des campagnes de sensibilisation, la transition écologique est souvent décrite en termes de mise en place de comportements écologiques versus de réduction des comportements non-écologiques. Une étude publiée dans Nature Sustainability suggère que cette dualité modulerait la capacité des individus à se projeter dans l’adoption de conduites écologiques.

Dans le contexte actuel d’urgence écologique, nous sommes de plus en plus sensibilisés à la nécessité d’adopter des comportements écologiques. Dans l’optique de mieux comprendre les processus cérébraux et cognitifs sous-jacents à la mise en place de ces conduites, une équipe de chercheurs dirigés par le Dr. Damien Brevers et le Prof. Joël Billieux de l’Université du Luxembourg ont étudié l’activité cérébrale de personnes ayant reçu la consigne de réfléchir à la faisabilité d’adopter des conduites écologiques au quotidien (par exemple, utiliser des tasses à café réutilisables). 

Les chercheurs ont mis en évidence que le fait de penser à la manière d’augmenter (de « faire plus ») des comportements pro-écologiques active l’hippocampe et le cortex préfrontal ventromédian, qui sont des structures cérébrales nous aidant à pouvoir imaginer des événements futurs en nous basant sur nos connaissances et expériences personnelles encodées dans notre mémoire.

En revanche, le fait de penser à la manière de réduire des comportements non-écologiques est associée à une augmentation de l’activation du cortex préfrontal dorsolatéral droit, qui joue un rôle central dans le contrôle volontaire des pensées et des comportements. Les chercheurs ont également mis en évidence que l’activation du cortex préfrontal dorsolatéral était associé à une diminution de l’activation au niveau de l’hippocampe, qui joue un rôle clé dans la conservation des souvenirs en mémoire. Selon les chercheurs, cette dynamique d’activation cérébrale suggérerait que le fait de réduire les comportements non-écologiques implique un processus dans lequel les souvenirs liés à de tels comportements sont inhibés.

Un autre résultat découvert par les chercheurs montre que les participants de l’étude ont jugé le fait d’augmenter les comportements pro-écologiques comme davantage réalisable que de diminuer les comportements non-écologiques. « Notre étude, menée sur 86 participants, suggère qu’il serait plus efficace d’encourager la mise en place de comportements pro-écologiques (par exemple, utiliser davantage les transports en commun) que d’inciter à la réduction des comportements non-écologiques (par exemple, moins utiliser la voiture) » explique le Dr. Damien Brevers.

Les résultats de cette étude sont susceptibles d’avoir un impact important dans nos sociétés où la crise du changement climatique est souvent décrite comme un défi « d’auto-contrôle », c’est-à-dire, centré sur la maîtrise de soi. Les individus sont en effet encouragés à éviter la tentation des comportements non-écologiques (par exemple, surconsommer, prendre l’avion) en vue d’atteindre des objectifs sur le long terme (la préservation de l’environnement et des ressources naturelles). Or, les résultats de cette étude indiquent que le développement d’habitudes pro-écologiques ne devrait pas se limiter à une opposition entre conduite non-écologique (les « mauvaises habitudes ») et conduites pro-écologiques (les « bonnes habitudes »), mais devrait plutôt se focaliser sur la manière d’implémenter de manière optimale (quand et dans quel contexte) des comportements écologiques.

Article: Brevers D, Baeken C, Maurage P, Sescousse G, Vögele C, Billieux J. Brain mechanisms underlying prospective thinking of sustainable behaviors. Nat Sustain (2021). https://doi.org/10.1038/s41893-020-00658-3