L’Université du Luxembourg, l’Université de Trèves et la Ville de Luxembourg ont accompli l’édition critique des livres de comptes médiévaux de la Ville de Luxembourg de 1388 à 1500.
Il s’agissait d’un projet de recherche réalisé de 2007 à 2023 par les Prof. Michel Pauly et Martin Uhrmacher de la Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales de l’Université du Luxembourg) et la Prof. Dr Claudine Moulin de la Chaire d’études germaniques/philologie allemande ancienne – linguistique historique de l’Université de Trèves, en collaboration avec les Archives de la Ville de Luxembourg. Les quelque 70 registres de recettes et de dépenses conservés aux Archives de la Ville ont été transcrits et édités en douze volumes. Alors que la réalisation du projet a été soutenue financièrement par les deux universités, la Ville de Luxembourg a pris en charge le financement des frais d’impression.
Luxembourg, exemple de la documentation de l’ère médiévale
La particularité de l’édition est que l’orthographe médiévale a été scrupuleusement respectée, c’est-à-dire qu’aucune standardisation des écritures historiques n’a été effectuée, de sorte que les historiens de la langue peuvent également suivre les phénomènes de changement de la langue et de l’écriture. C’est justement cet aspect qui a toujours été souligné de manière positive dans les comptes rendus publiés dans les revues spécialisées internationales. De nombreuses publications scientifiques, travaux de qualification et thèses de doctorat ont été rédigés sur la base des comptes de la ville édités, tant dans le domaine de l’histoire que dans celui des études linguistiques. La Ville de Luxembourg est aujourd’hui considérée au niveau international comme l’exemple le mieux documenté concernant les recherches sur la comptabilité urbaine, l’histoire de la vie quotidienne, le langage urbain à la fin du Moyen Âge.
Globalement, les dépenses les plus importantes du budget de la ville concernent l’extension et l’entretien des remparts avec leurs tours et leurs portes. Leur analyse permet de retracer l’origine géographique des matériaux de construction, le déroulement précis des travaux et les différentes étapes du processus de construction, ainsi que la progression de la construction des remparts jusqu’à la fin du XVe siècle. Les livres de comptes contiennent également des indications sur l’histoire de la culture, par exemple sur la représentation de jeux de mystères ou l’organisation de feux de joie. On y trouve également des inscriptions relatives à des événements politiques, tels que l’assemblée des états, les ambassades auprès du souverain ou l’achat de canons, de poudre à canon et d’uniformes pour la milice urbaine. Les informations contenues dans les livres de comptes ont par exemple permis de reconstruire en grande partie l’Hôtel de Ville à la fin du Moyen Âge dans l’introduction du volume 12.
De nombreux ouvrages et outils sont désignés par des termes techniques qui ne sont guère répertoriés dans les dictionnaires et qui présentent donc un intérêt tant pour l’histoire de l’architecture et de la technologie que pour la linguistique historique.
Les 12 volumes peuvent être commandés sur www.cludem.lu. Le prix d’un volume est de 19 euros ou de 15 euros pour la série complète.