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B or not to B: Un aperçu de la régulation de l’immunité antivirale

  • Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB)
    Université / Administration centrale et Rectorat
    12 avril 2022
  • Catégorie
    Université
  • Thème
    Sciences de la vie & médecine

Des chercheurs se plongent dans les mécanismes de la réponse immunitaire par anticorps et découvrent des différences essentielles dans le métabolisme de deux sous-ensembles de cellules immunitaires étroitement liés.

La protection contre les maladies virales est un des rôles clés de notre réponse immunitaire : notre organisme produit des anticorps pour rechercher les corps étrangers et les neutraliser ou les marquer avant élimination. « L’importance des anticorps a récemment été au centre de nombreux travaux de recherche en raison de la pandémie de SARS-CoV-2 et des efforts importants ont été déployés pour comprendre les réponses immunitaires efficaces impliquant des anticorps, » explique Prof. Dirk Brenner, Directeur adjoint du Department of Infection and Immunity (DII) au LIH et professeur d’immunologie et de génétique à l’Université du Luxembourg, lorsqu’il présente la dernière étude de son équipe.

Différencier deux sous-groupes de lymphocytes B

La production d’anticorps est largement contrôlée par différents types de lymphocytes B, des globules blancs spéciaux capables de produire les anticorps qui vont contrôler une maladie. Afin de renforcer l’immunité antivirale de la population, il est important de comprendre la réponse de notre organisme et pas seulement le virus lui-même. Une meilleure compréhension de la réponse immunitaire est donc d’une importance capitale pour le développement de futurs traitements, et cela jusqu’au fonctionnement de chaque cellule. Si l’on connaît bien les lymphocytes B qui coordonnent notre réponse en anticorps, il existe encore des lacunes dans notre compréhension de leur fonctionnement. Cette étude cherche à en savoir plus sur ce point.

L’objectif était de mieux comprendre deux types différents de lymphocytes B, les lymphocytes B folliculaires (FoB) et les lymphocytes B de la zone marginale (MZB). Les lymphocytes B folliculaires ont tendance à résider en petits agrégats avec d’autres cellules immunitaires dans des endroits comme la rate et les ganglions lymphatiques, tandis que les lymphocytes B de la zone marginale ne représentent qu’environ 5 à 10 % des lymphocytes B de la rate, d’où elles peuvent réagir rapidement aux particules virales véhiculées par le sang et aux bactéries. Les auteurs se sont concentrés sur les différences métaboliques entre ces deux sous-ensembles de lymphocytes B. Ils ont étudié comment ils diffèrent au niveau de la production et de la consommation d’énergie, ainsi qu’en termes de synthèse de nouvelles molécules, de dégradation et d’élimination.

Étudier le rôle du glutathion

Pour y parvenir, les chercheurs ont ciblé la production d’un composé clé, le glutathion, dans chacun des types de cellules et ont observé les changements dans le comportement cellulaire qui en résultaient. Normalement, le glutathion agit comme un antioxydant dans les cellules, contribuant à maintenir l’équilibre délicat des réactions qui régulent le métabolisme cellulaire et permettent aux cellules de fonctionner. En faisant pencher la balance, les chercheurs ont pu observer des différences spécifiques à chaque type de cellule.

Lorsque la production de glutathion était inhibée dans les cellules MZB de souris, ils ont constaté un impact important sur le développement et la maintenance des cellules, entraînant une perte globale de cellules. Les cellules FoB se sont mieux adaptées, reprogrammant leur voie métabolique de sorte qu’elles ont commencé à se comporter davantage comme des cellules MZB ordinaires. Cependant, l’inconvénient pour les cellules FoB est que cela a également entraîné une accumulation de mitochondries défectueuses, ce qui a rendues les cellules inefficaces lorsqu’elles ont été exposées à des virus.

« Notre étude met en évidence des altérations spécifiques aux lymphocytes B qui offrent de nouvelles perspectives pour mieux comprendre du rôle du glutathion dans la régulation de la fonction des lymphocytes B et leur défauts lors d’infections virales, » résume Dr Franchina, première auteure de l’étude et membre de l’équipe du professeur Brenner. Les chercheurs espèrent qu’en continuant à développer les connaissances sur ces gardiens indispensables, ils pourront à terme transformer leurs résultats en nouvelles stratégies de traitement des maladies virales telles que le SARS-CoV-2, avec des résultats tangibles pour les patients.

Cette étude a été publiée le 4 avril 2022 dans Nature Communications, sous le titre complet : « Glutathione-dependent redox balance characterises the distinct metabolic properties of follicular and marginal zone B cells ».

Financement et collaborations :

Cette étude a été soutenue par le programme INTER-CORE [C18/BM/12691266] du FNR. Ce travail a également été partiellement soutenu par un financement interne du LIH par le biais du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) du Luxembourg.