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Robert Harmsen titulaire la Chaire UNESCO en droits de l’homme

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    Université / Administration centrale et Rectorat
    29 novembre 2019
  • Catégorie
    Université

Le Prof. Robert Harmsen prend la direction de la Chaire UNESCO en droits de l’homme à l’Université du Luxembourg. Il a entamé son mandat lors d’une cérémonie le 28 novembre au Cercle Cité, en présence de Son Altesse Royale le Grand-Duc.

Il succède au Prof. Jean-Paul Lehners, titulaire de la Chaire depuis sa création en 2011. La Chaire UNESCO en droits de l’homme promeut une approche interdisciplinaire des droits de l’homme par l’enseignement, la recherche et l’implication du public.

Le Prof. Harmsen a rejoint l’Université du Luxembourg en 2008 en tant que professeur de sciences politiques et expert de la Convention européenne des droits de l’homme. Il envisage la continuité – un plan quadriennal pour la Chaire en ligne avec les huit dernières années – tout en intégrant de nouvelles idées. Dans une interview, il partage le projet de son mandat, prenant en compte la position privilégiée du Luxembourg au carrefour du réseau des institutions de défense et de protection des droits de l’homme.

« L’Université a un rôle fondamental en tant que forum »

Vous avez contribué aux activités de la Chaire depuis sa création en 2011. Comment vous apprêtez-vous à prendre la relève du Prof. Lehners ?

Jean-Paul Lehners a joué un rôle déterminant dans la fondation de l’Université. Il a été vice-président du Centre universitaire et premier vice-recteur académique de l’Université du Luxembourg. C’est un ardent défenseur des droits de la personne, et de cela découle l’origine de cette Chaire. C’est un immense plaisir et un honneur pour moi de lui succéder.

Que nous réservent les quatre prochaines années ?

De manière générale, les activités de recherche reflètent l’intérêt du titulaire de la Chaire dans le cadre des priorités définies par l’UNESCO. Le Prof. Lehners est historien des droits de l’homme. Mon expertise est dans les sciences politiques, principalement dans l’intégration européenne et les politiques publiques. Le volet recherche se concentrera principalement sur la coopération européenne dans le domaine des droits de l’homme. Je poursuivrai mon travail sur la Convention européenne des droits de l’homme, tout en développant la recherche sur l’Union européenne (UE) en tant qu’acteur des droits humains : Comment l’UE protège-t-elle et aborde-t-elle les questions des droits de l’homme au niveau interne et comment projette-t-elle les valeurs et les droits sur la scène mondiale ?

Nous travaillerons également sur des comparaisons interrégionales étendues et prévoyons d’organiser une conférence qui comparera les développements en Europe et dans les Amériques, en particulier le système interaméricain pour la protection des droits humains. À cet égard, nous voulons profiter de notre position ici à Luxembourg, qui est l’un des centres institutionnels de l’Europe et le siège de la Cour de justice de l’Union européenne.

En termes d’impact sociétal, quelles questions intéressent particulièrement la société?

Nous travaillons avec des ONG, des ministères et d’autres acteurs du secteur pour définir des domaines d’intérêt commun. Un domaine potentiel essentiel sont les droits de l’homme dans la société numérique et les conséquences en termes de politique publique et d’éducation à la démocratie Un autre domaine continuera d’être celui des entreprises et des droits de la personne.

Récemment, le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne sur des discriminations au Luxembourg et dans d’autres pays européens a fait l’objet de discussions. Je crois qu’il est important que la Chaire ouvre le dialogue sur les caractéristiques d’une société multiculturelle et plurielle. Quelles sont les notions de discrimination ? Nous avons déjà discuté avec des ONG de la façon dont nous pouvons y contribuer, à travers une combinaison d’ateliers et de discussions sur les recommandations politiques possibles.

Nous voulons tester l’idée que les droits de l’homme peuvent figurer conformément dans le débat politique publique. L’Université a un rôle fondamental en tant que forum. Nous sommes dans une position privilégiée pour réunir les gens et faciliter des dialogues constructifs.

Discours de la cérémonie :

Prof. Jean-Paul Lehners, previous holder of the UNESCO Chair in Human Rights

Altesse royale, Excellences, Mesdames et Messieurs, chères et chers collègues, chères et chers ami/es,

Une période importante de ma vie s’achève. Pendant plus de 45 ans j’étais engagé dans différentes universités à différents niveaux. Je termine aujourd’hui le 2e mandat de la Chaire UNESCO en droits de l’homme et je suis heureux de savoir que la Chaire est en de bonnes mains.

La création de la Chaire en 2011 fut pour moi une sorte de testament pour notre Université. Je voulais que la dimension « droits de l’homme » soit ancrée pour de bon dans notre institution que j’ai aidée à mettre sur pied et dont j’ai eu la tâche difficile d’assurer l’intérim entre le décès de François Tavenas et la nomination de Rolf Tarrach. Cette université pour laquelle j’avais proposé la devise « Une université à visage humain » continue à me tenir à cœur. J’espère qu’au-delà des sciences appliquées on n‘oubliera pas les sciences fondamentales sur lesquelles les sciences appliquées doivent se fonder ainsi que les sciences humaines et sociales sans lesquelles le monde reste incompréhensible et manque d’humanité et d’empathie.

Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont soutenu pendant ces deux mandats, les recteurs, doyens, collègues, mais aussi ma famille, ma femme, mes  enfants, mes petits enfants dont une est parmi nous ce soir.

Pendant mon deuxième mandat j’ai continué à donner des cours sur les droits de l’homme et à organiser des cycles de conférences interdisciplinaires. J’ai organisé aussi une conférence internationale sur le rôle des sciences humaines dans la compréhension des droits de l’homme sous le titre de « Human Rights – Describing a Process of Cultural Transformation ». J’ai fait des recherches sur les notions de dignité, de valeurs, dont les résultats ont été publié dans différents articles. J’ai édité avec trois collègues un livre sur « The First Fundamental Rights Documents in Europe » à l’occasion du 800e anniversaire de la Grande Charte. J’ai continué à participer au Master Européen en Droits de l’Homme et Démocratisation, que nous organisons depuis vingt ans à Venise avec plus de 40 universités de l’Union européenne. J’ai été invité à donner des conférences au Luxembourg et à l’étranger, entre autres à Poznan, Liverpool, Bilbao, Flensburg, Athènes, Strasbourg, Barcelone, Bonn et Maastricht. J’ai ainsi aidé à propager les droits de l’homme au-delà de nos frontières. J’ai aussi coorganisé des conférences au Luxembourg, entre autres avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies Zeid Ra’as Hussein et avec Nadia Mourad à l’occasion de la remise du Prix Sakharov.

Nadia Mourad a par la suite obtenu le prix Nobel de la Paix et a participé au Luxembourg à la conférence « Stand Speak Rise Up. To end sexual violence in fragile environments », conférence organisée par SAR la Grande Duchesse.

J’arrive à la deuxième partie de mon discours. Etant historien de formation je ne peux m’empêcher de dire quelques mots sur l’histoire des droits de l’homme. Je suis et reste convaincu que l’histoire a son rôle à jouer dans la promotion et la défense des droits de l’homme. Elle est le plus grand laboratoire d’idées, d’expériences et de pratiques dans le monde.

Nous distinguons entre une approche large des droits de l’homme où nous essayons de détecter des éléments de ces droits, des idées de liberté, d’égalité, de solidarité, d’inclusion, de justice, et une dimension plus étroite, en nous intéressant à la dimension « droits de l’homme » dans les différents documents légaux, et en parlant des droits seulement si le concept est utilisé. L’histoire nous sert à contextualiser les différentes déclarations pour mieux les comprendre. La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 par exemple ne peut se comprendre sans les atrocités de la Seconde Guerre mondiale. L’histoire aide ensuite à prendre position sur un certain nombre de controverses. J’en mentionne quelques-unes.

La Grande Charte de 1215 en Angleterre est-elle vraiment un précurseur des droits de l’homme? Pas directement certes, car elle est à voir dans le contexte de la société féodale, mais on y trouve des éléments dans certains articles.

La charte de Kourokan Fouga rédigée à la même période en Afrique, reconnue par l’UNESCO comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité n’a-t-elle pas été plutôt respectivement écrite et réécrite au 20e siècle et si oui, ne devrait-elle pas être retirée de la liste ?

Pourquoi est-ce qu’on parle tellement des déclarations des droits de l’homme et du citoyen pendant la révolution française en 1789 et pas de la déclaration des droits de la femme et de de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges deux ans après?

Comment est-ce possible que la France et la Grande-Bretagne ont soutenu la Déclaration universelle des droits de l’homme à l’ONU, mais ont continué à violer certains droits dans leurs colonies ?

Ensuite il faut réfléchir sur un certain nombre de concepts qui continuent à être utilisés mais ont changé de sens, comme par exemple la notion de famille. Et nous voyons aussi qu’à côté de la notion des droits de l’homme qui a dominé les relations internationales pendant des décennies, de nouveaux concepts apparaissent et deviennent importants, comme la notion d’égalité sociale.

Comment est-ce possible qu’on défende les droits de l’homme et qu’en même temps on n’ait rien à redire sur l’inégalité sociale qui persiste et même s’accroît?

Je passe à la troisième et dernière partie de mon discours. Vous vous demandez peut-être : Que va-t-il faire maintenant ? Rassurez-vous, je ne m’ennuie pas.

Je vous mentionne seulement quelques-unes de mes activités dans le domaine des droits de l’homme. J’ai été élu président de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe, l’ECRI, pour un mandat de deux ans. Cette présidence m’a donné l’opportunité d’être à la tête du monitoring des discriminations dans la grande Europe, c’est-à-dire dans les 47 Etats du Conseil de l’Europe.

Dans le cadre de l’ECRI je m’occuperai ces mois prochains plus particulièrement de la lutte contre l’antisémitisme. Qui aurait cru qu’on doive encore en parler au 21e siècle ?

Je suis ensuite actif dans l’initiative « Reech eng Hand » qui travaille avec les réfugiés au Luxembourg.

En tant que président de la commission Justice et Paix de l’Eglise catholique je participe entre autres à des campagnes ensemble avec d’autres acteurs de la société civile,  par exemple dans le domaine des droits de l’homme dans les entreprises. C’est ainsi que nous militons pour que la Chambre des députés adopte une loi sur un devoir de vigilance des entreprises, c’est-à-dire de l’obligation faite aux entreprises, surtout aux entreprises multinationales, de prévenir les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance liés à leurs activités.

Nous sommes d’avis qu’une telle loi renforcera la candidature du Luxembourg pour le Conseil des droits de l’homme à Genève.

Je peux aussi vous révéler que le cardinal archevêque m’a nommé délégué épiscopal pour la promotion des droits de l’homme. Durant ces dernières décennies l’Eglise a certes essayé de faire des progrès, mais il reste un grand chantier à réaliser, surtout quand il s’agit des droits de l’homme dans cette Eglise, e.a. de l’égalité entre hommes et femmes.

Je continuerai à m’engager pour une résolution non-violente des conflits et pour l’interdiction de toutes les armes atomiques.

Au lieu de m’étendre plus longuement sur ces différentes activités, je me suis dit qu’il serait peut-être plus intéressant de partager avec vous quelques expériences de ces deux dernières semaines.

Lors de la table ronde « Black in Luxembourg » au sujet de la discrimination des personnes de couleur noire, j’ai plaidé pour un rôle renforcé d’une de nos institutions dans le domaine des droits de l’homme, à savoir le Centre d’égalité de traitement (CET). Le CET est loin de remplir les critères que l’ECRI a recommandées aux Etats pour un fonctionnement effectif des organismes de promotion de l’égalité. Je plaide aussi pur la création d’un Observatoire de toutes les discriminations.

Lors d’une réunion au Sénat français j’ai fait une intervention au sujet du

discours de haine sur internet, sujet qui continuera malheureusement à nous préoccuper ensemble avec le développement de l’intelligence artificielle.

Enfin j’étais la semaine dernière en Jordanie dans le cadre de l’action humanitaire CARE Luxembourg dont je suis le vice-président et qui a comme priorité l’« empowerment » des femmes et des enfants. Nous avons visité un camp de réfugiés installé au milieu du désert où 40 mille personnes dont 25 mille enfants attendent une issue à leur sort.

Que retenir de ce voyage? D’un côté le dévouement des bénévoles, le rire des enfants, les dessins qu’ils ont réalisés pour nous, de l’autre les grillages autour des villages, des fils barbelés, la mélancholie dans certains visages, l’incertitude complète.

Ne faudrait-il pas se mettre dans la peau de ces réfugiés traumatisés qui se réveillent chaque matin sans avoir en vue des perspectives concrètes. Serions-nous prêts à le faire pour une journée seulement ?

Je termine avec deux messages. L’engagement pour la promotion et la défense des droits de l’homme est plus nécessaire que jamais dans ces temps troubles.

Et cet engagement doit se réaliser chaque jour, par chaque individu, à tous les niveaux. L’histoire des droits de l’homme n’est pas terminée, elle est un processus qui continue !

Et même si je transmets maintenant la chaire UNESCO à mon collègue et ami Robert Harmsen, mon enthousiasme pour les droits de l’homme, pour le respect de la dignité inhérente à nous toutes et tous continuera aussi longtemps que je serai sur terre.

Merci pour votre attention !

Prof. Robert Harmsen, new holder of the UNESCO Chair in Human Rights

Altesse Royale, Madame la Ministre, chers collègues, chers amis, Mesdames et Messieurs,

Je suis profondément honoré et fier d’être ici ce soir pour assumer la succession à la Chaire UNESCO en droits de l’homme de mon collègue et mon ami Jean-Paul Lehners. Cher Jim, au cours de mes maintenant plus de dix ans à l’Université, j’ai énormément apprécié notre collaboration, notre amitié et notre complicité face aux aléas de la vie universitaire. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de la tâche et je compte encore sur ton soutien. Comme en témoigne ton discours ce soir, même si on marque ta retraite de l’Université, j’en suis certain que tu ne te retiras jamais des combats pour les droits de l’homme.

Dans les quatre ans à venir, les activités de la Chaire vont continuer de s’articuler autour des trois axes concernant respectivement la recherche, l’éducation et l’engagement public. Ceci reflète clairement la vocation distinctive de l’Université en tant qu’institution, aussi bien que la mission spécifique de notre Université. La vocation de l’Université, en tant qu’institution vouée à la cultivation de l’esprit critique – et qui a donc dans son ADN aussi un esprit, voir un devoir d’autocritique. La mission de notre Université, qui par sa place dans le paysage national doit assumer un important rôle sociétal pour promouvoir des dialogues et accompagner le pays dans son évolution.

Les activités de recherche de la Chaire vont se focaliser sur les institutions et les régimes de coopération régionale pour la protection des droits de l’homme. Une bonne partie de ses travaux vont certainement se concentrer sur notre situation ici en Europe, en regardant les politiques et les pratiques de l’Union européenne, aussi bien que le système qui s’est institutionnalisé dans le contexte du Conseil de l’Europe et ses 47 membres autour de la Convention européenne des droits de l’homme. Ceci sera développé en étroite collaboration avec mes collègues de l’Initiative Robert Schuman pour les Affaires européennes, en profitant pleinement de notre situation ici au Luxembourg comme un des centres institutionnels de l’UE. A partir de cette base européenne, il y aura aussi un élément comparatif, pour porter nos regards plus loin et regarder les autres expériences régionales – aux Amériques, en Asie, en Afrique et ailleurs – dans un esprit d’apprentissage réciproque.

La dimension éducative concerne d’abord à l’intérieur de l’Université nos différents enseignements en relation avec les droits de l’homme : les cours que nous offrons et que nous développerons dans nos différentes disciplines – la science politique, l’histoire, la philosophie, le droit et autres – aussi bien que des enseignements interdisciplinaires, qui permettent d’aborder des questions de société liées aux bouleversements technologiques. En dehors de nos murs, je compte aussi continuer le travail de mon prédécesseur pour développer et promouvoir l’éducation aux droits de l’homme dans l’éducation formelle (le système scolaire), aussi bien qu’en relation avec les possibilités qui s’offrent pour des formations continues dans différents contextes.

Dans cette mission éducative, je m’inspire particulièrement des travaux récents du Conseil de l’Europe sur l’éducation à la citoyenneté démocratique qui détaillent un cadre des compétences nécessaires à l’ère numérique pour former des citoyens engagés, responsables et empathiques. Même en étant suffisamment vieux jeu pour vouloir encore aussi valoriser des connaissances, j’insiste sur cette dimension des compétences parce qu’il s’agit impérativement d’équiper les nouvelles générations avec les outils nécessaires, non seulement pour faire face à des formes de désinformation grandissante, mais aussi de leur donner les moyens de ne pas se laisser enfermer dans des bulles de filtre où on ne voit que le reflet de ses propres opinions – et donc par le biais de l’éducation de maintenir l’esprit d’ouverture qui est à la source d’une véritable culture démocratique.

Aussi dans le droit fil de mon prédécesseur, nous allons continuer de développer la Chaire UNESCO comme une plaque tournante pour des débats et des discussions autour des questions des droits de l’homme dans le pays. Il est essentiel que l’Université joue son rôle comme un forum, à l’échelle nationale aussi bien qu’internationale, qui permet de créer des espaces de dialogue, de croisement et de compréhension.  J’espère que nous puissions aussi mettre nos expertises au service de la communauté nationale pour traduire ces débats en des termes capables d’informer les politiques publiques. J’ai déjà commencé des discussions avec des ONG, des ministères et d’autres institutions et acteurs dans le secteur pour définir des collaborations. Je suis très heureux de voir tant de représentants de ces différentes instances dans la salle avec nous ce soir et je me ferai un plaisir d’aller à votre rencontre dans les prochaines semaines pour parler des projets communs.

Allow me, given our rather international audience this evening, to switch to my mother tongue for a few concluding remarks about the wider contemporary situation of human rights and democracy. We have just marked thirty years since the fall of the Berlin Wall. For those of us of a certain age this has reminded us – perhaps first of all that we are of a certain age – but also of those extraordinarily heady days three decades ago when a seemingly immutable geopolitical order collapsed with stunning rapidity and allowed for a flourishing of hope as to a different and better future. Where are we thirty years on?

It is fair to say that we have not witnessed ‘the end of history’, to invoke an often cited and often misunderstood phrase coined by Francis Fukuyama at the time. The aspirations born of that time of extraordinary firmament have perhaps inevitably met with their share of disappointments. Yet, there is also, to use the title of a recent influential study of international human rights, ‘evidence of hope’, and perhaps even more the means to be hopeful.

Let us first be clear about the seriousness of our situation. The rule of law, which we had perhaps complacently taken to be an ‘acquis’ in Europe, is under threat in parts of our continent. Both judicial independence and academic freedom have come under attack in EU and Council of Europe member states. We have witnessed the propagation of the invidious oxymoron of an ‘illiberal democracy’. Long established democracies on both sides of the Atlantic have shown worrying signs, whatever one’s beliefs about specific issues, of significant systemic dysfunction. This has been marked particularly by a growing polarisation and the occasionally dramatic reduction of the space for reasoned and reasonable civic dialogue.

Relative to this, it is important to understand the role of fundamental rights. As my compatriot Michael Ignatieff has argued, rights should not be seen as ‘trumps’ – cards to be played in a manner that forecloses dialogue, that stops discussion. It is a respect for fundamental rights that permits democratic dialogue to take place – to allow for the vigorous discussion of different points of view and the pursuit of different visions of ‘the good life’ in a climate of respect and tolerance. Rights, in this sense, must not be viewed simply as ‘claims’, but rather as both deriving from and cultivating a sense of empathy – of an understanding for the situation of ‘the other’ and with it the hope that we may define shared spaces that allow for both the respectful airing of differences and the fostering of a community of destiny.

In keeping with the values represented by UNESCO and the objectives of the Unitwin programme under which this Chair has been accorded, I can only hope that the activities of our UNESCO Chair will positively play their own inevitably small part in addressing these broad contemporary challenges. And, I do very much hope that I will be able to do so while demonstrating the passion, the empathy, and the good humour of my predecessor.

Prof. Georg Mein, Dean of the Faculty of Language and Literature, Humanities, Arts and Education

Votre Altesse-Royale, Madame la Ministre, Excellence, Madame la Deputé, Monsieur le Président de Conseil de Gouvernance de l’Université du Luxembourg, Monsieur le Recteur, Monsieur le Recteur emérite, chers Professeurs Jean-Paul Lehners et Robert Harmsen, chères Collègues, chères Étudiantes, Mesdames et Messieurs,

Es ist mir eine ganz besondere Freude und Ehre, Sie heute hier anlässlich der Erneuerung des UNESCO-Chairs in Human Rights willkommen zu heißen. Der Chair wurde 2011 an der Fakultät für Sprachwissenschaften und Literatur, Geisteswissenschaften, Kunst und Erziehungswissenschaften der Universität Luxemburg eingerichtet und befasst sich in Lehre und Forschung mit den zentralen Themen und Herausforderungen im Kontext der Menschenrechte. Ich bedanke mich bei der UNESCO für die Förderung und das in uns gesetzte Vertrauen in den vergangenen Jahren und ganz besonders natürlich für die erneute Einrichtung des UNESCO-Chairs an der Universität Luxemburg.

Ein wichtiges Ziel des UNESCO-Chairs ist es, die verschiedenen Akteure aus Wissenschaft und Politik, aus der Wirtschaft und der Zivilgesellschaft, aus dem privaten wie dem öffentlichen Sektor zusammenzubringen und für das zentrale Thema der Menschenrechte zu sensibilisieren. In dieser Hinsicht hat der erste Chairholder Prof. Jean-Paul Lehners herausragende Arbeit geleistet. Er hat die Aktivitäten des UNESCO-Chairs in Forschung und Lehre konsequent interdisziplinär aufgebaut und Kollegen aus allen Fakultäten und Zentren der Universität mit einbezogen. Darüber hinaus hat Professor Lehners den UNESCO-Chair eng mit allen relevanten Partnern und Institutionen in Luxemburg verbunden und in den letzten acht Jahren ein beeindruckendes internationales Netzwerk aufgebaut. Die konsequent internationale Ausrichtung des UNESCO-Chairs spiegelt dabei eine der Grundmaximen der UNESCO-Charta wider: Menschenrechte dürfen nicht an nationalen Grenzen enden.

Dank des Engagements von Jean-Paul Lehners und der zahlreichen Aktivitäten und Initiativen in Lehre, Forschung und Öffentlichkeit erhielt das Thema Menschenrechte seit der Einrichtung des Chairs in Human Rights nicht nur innerhalb der Universität Luxemburg, sondern in ganz Luxemburg erheblich mehr Aufmerksamkeit. Ich möchte die Gelegenheit heute wahrnehmen, um Dir, lieber Jim, für Deinen Einsatz, Deine Energie, Deine Leidenschaft und für alles, was Du als UNESCO-Chair in den letzten acht Jahren aufgebaut hast, ganz herzlich zu danken.

Mit der Übergabe des UNESCO-Chairs verabschiedest Du Dich nun auch endgültig von der Universität Luxemburg, die Du von Anfang an auf verschiedenen Posten mitgestaltet hast. Als Historiker blickst Du auf eine äußerst erfolgreiche Karriere als Forscher zurück, was durch Deine zahlreichen Publikationen und Forschungsprojekte belegt wird. Darüber hinaus bist Du auch als Lehrender bei Deinen Studenten unglaublich beliebt. Der Kirchenvater Augustinus hat einmal gesagt: In Dir muss brennen, was Du in anderen entzünden willst. Und wer Dich kennt, lieber Jim, der weiß auch um Deine Begeisterung und das Engagement für das, was Du unterrichtest. Ich hoffe sehr, lieber Jim, dass Du der Universität Luxemburg auch in Deinem wohlverdienten Ruhestand weiterhin verbunden bleiben wirst und ich möchte mich im Namen der Fakultät und der gesamten Universität für all das bedanken, was Du für das Fach Geschichte, für die Thematik der Menschenrechte, für die Fakultät und für die gesamte Universität seit ihrer Gründung geleistet hast.

Bis vor einigen Jahren hatte das Nachdenken über die Menschenrechte hier in Europa etwas sehr Theoretisches an sich. Man befasste sich mit Problemen, die in der Europäischen Union als im Grunde gelöst angesehen wurden. Die Europäische Gemeinschaft hat sich seit ihrer Gründung immer als eine Gemeinschaft verstanden, die sich dem Geist der Aufklärung verpflichtet fühlt und deren deliberatives Demokratieverständnis die Frage der Menschenrechte ein für alle Mal gelöst zu haben schien. Wenn man in Europa über die Menschenrechte nachdachte, dann sprach man im Grunde über die Probleme anderer Länder. Man war – und ist immer noch – empört über die Situation in Nordkorea, war entsetzt über den Völkermord in Ruanda oder über die unhaltbare Situation im Iran. All dies aber war auf eine gewisse und beruhigende Weise weit weg und damit letztlich abstrakt – es gehörte nicht zur inneren Problemkonstellation der westlichen Zivilisation.

Europa selbst hat sich immer und zu Recht als Hort und Hüterin der Menschenrechte begriffen. Wenn überhaupt etwas als absoluter Grundkonsens aller europäischen Mitgliedsstaaten angesehen werden kann, dann ist es, dass die Menschenwürde hier in Europa unantastbar ist. Die Konvention zum Schutz der Menschenrechte und Grundfreiheiten wurde 1950 in Rom unterzeichnet, und der 1959 gegründete Europäische Gerichtshof für Menschenrechte in Straßburg überwacht ihre Umsetzung. Seit 2009 ist auch die Charta der Grundrechte der Europäischen Union in Kraft, die in sechs Titeln Menschenwürde, Freiheit, Gleichheit, Solidarität sowie Bürger- und Justizrechte in einem einzigen Dokument zusammenfasst. Die Frage der Menschenrechte in Europa scheint somit vollständig geklärt und gesichert zu sein.

Die Entwicklungen der letzten Jahre haben uns jedoch auf dramatische Weise gezeigt, dass die Frage der Menschenrechte im europäischen Raum doch noch sehr kontrovers diskutiert werden kann. Es besteht sicherlich Einigkeit darüber, dass die Menschenrechte für alle Bürger Europas gelten müssen, aber wie können wir sicherstellen, dass sie wirklich auch für diejenigen uneingeschränkt gelten, die zu uns kommen? Die sogenannte Flüchtlingskrise hat uns erneut das fundamentale Problem vor Augen geführt, wie man die Menschenrechte letztlich universell begründen kann. Die Philosophin Hannah Arendt hat diese Frage angesichts des Massenphänomens der Staatenlosigkeit nach dem Ersten Weltkrieg analysiert. Die prekäre Situation des Flüchtlings liegt ihres Erachtens nämlich darin, dass er als Staatenloser auf keine politische Instanz mehr rekurrieren kann, die seine Rechte garantiert. Sobald der Staat das Recht seiner Bürger nicht schützt bzw. ihm sogar die Staatsbürgerschaft entzieht, werden die Menschen in einem System souveräner Nationalstaaten aus allen rechtlichen Bezügen herausgeschleudert. Wenn sich aber kein Staat mehr für ihre Rechte einsetzt, bleiben nur noch transnationale Institutionen wie die UNO und die UNESCO oder nichtstaatliche Hilfsorganisationen.

Wenn man die öffentlichen und politischen Debatten über Migration in Europa oder den USA in den vergangen Jahren verfolgt hat, wenn man beobachtet, auf welche Weise populistische Parteien mit kalkulierter Rhetorik hier Ängste schüren und versuchen im Namen der eigenen Nation fremde Kulturen zu stigmatisieren, dann wird deutlich, dass die Menschenrechte in diesen Debatten kaum eine Rolle spielen. Umso wichtiger ist es daher, dass diese Rechte wieder in den Vordergrund gerückt werden, dass man deutlich macht, dass hinter jedem einzelnen Flüchtling ein menschliches Schicksal steht. Und vor allem muss es darum gehen zu begreifen, dass Humanität alleine nicht ausreicht, um die Lage dieser Menschen zu verbessern, und zwar allein deshalb nicht, weil die Fähigkeit und Bereitschaft, sein Gegenüber als moralische Person anzuerkennen, nicht bei allen Menschen gleichermaßen vorausgesetzt werden kann.

Deshalb ist es so wichtig, dass man auf dem Rechtsstatus der Menschenrechte insistiert. Menschenrechte sind kein moralisches Zugeständnis, kein humanitäres Gnadenzeugnis – nein, sie sind Rechte, die dem Individuum zukommen, ohne dass sie von jemandem zugestanden werden müssen. Menschenrechte werden nicht verliehen und können deshalb auch nicht entzogen werden. Die fundamentalste Bedeutung der Menschenrechte ist also das „Recht auf Rechte“ – und dieses Recht auf Rechte muss von einer politischen Gemeinschaft garantiert und institutionalisiert werden.

Ich freue mich, dass der Chair in Human Rights zur Erforschung und für die Sensibilisierung dieser und weiterer Fragestellung seit Jahren einen wichtigen Beitrag leistet und mit der Übergabe des Chairs an Professor Robert Harmsen auch weiterhin leisten wird. So gehört zu den geplanten Aktivitäten des neuen Chairinhabers unter anderem eine vertiefte Analyse des Verhältnisses zwischen Gerichten und Gesetzgebern beim Schutz und der Förderung der Grundrechte. Meine Fakultät wird – wie auch schon in der Vergangenheit – die Aktivitäten des Chairs in Human Rights aktiv unterstützen und ich freue mich sehr auf die Zusammenarbeit mit Prof. Harmsen, auf viele spannende Veranstaltungen und Debatten und hoffe sehr, dass es uns gelingen wird, einen Beitrag zur Stärkung und universellen Durchsetzung der Menschenrechte zu leisten.

Überall dort nämlich, wo Bedeutung festgeschrieben, die Wahrheit gepachtet, die Meinungen verkürzt, der Diskurs beschnitten und das Fremde ausgegrenzt wird, überall dort, wo mit Absolutheitsanspruch im Namen einer Tradition, einer Religion, einer Nation, im Namen eines Führers, einer Rasse oder eines Geschlechts gesprochen wird – überall dort also, wo aus ideologischen Gründen die Stimme des Anderen beschnitten, verzerrt und zum Verstummen gebracht wird, überall dort bedarf es einer Instanz, die Einspruch gebietet und dem Recht auf Rechte eines jeden Einzelnen Gehör verschafft.

Ich danke Ihnen für Ihre Aufmerksamkeit.

À propos de la Chaire

La Chaire UNESCO en droits de l’homme promeut une approche interdisciplinaire des droits de l’homme par l’enseignement, la recherche et la participation du public. Les activités d’enseignement comprendront un cours au niveau des programmes de masters « The International and European Systems for the Protection of Human Rights » ainsi qu’un des seminaires pour les programmes de Bachelor sur les droits de l’homme. Les projets de recherche se concentreront sur l’Union européenne en tant qu’acteur des droits de l’homme et sur les “droits fondamentaux, les tribunaux et le processus politique”. Sur le plan public, la Chaire continuera d’organiser des séries de conférences et de s’orienter vers la création d’un Forum national sur les droits de la personne et les politiques publiques.